28 novembre 2015 • 16 janvier 2016
» L’origine de cette pratique fut la découverte de créateurs qui questionnaient le principe d’architecture d’urgence. Shigeru Ban, notamment, a fa-briqué des architectures de fortune, lors des tremblements de terre de Kobe, faites de rouleaux de carton, pour palier aux plus démunis. Ces habitats n’ayant aucune pérennité m’intéressaient par cette économie de moyens qui contribuait tout de même à produire des espaces fonctionnels et praticables. J’ai donc au départ réfléchi en terme d’architecture, pour en arriver à la conception de gonflables. Je voulais une structure qui soit suffisamment légère pour la plier et la transporter. Ainsi, je me suis tout naturellement orienté vers le polyéthylène que j’utilisais notamment après avoir décortiqué des sacs poubelles. Je scotchais les bandes de matière plastiques entre elles, jusqu’à former une bulle que je plaçais ensuite sur un compresseur de climatisation dans l’espace urbain, pour la gonfler. Je me suis peu à peu éloigné de ce postulat de départ car l’architecture d’urgence n’était pas mon sujet d’intérêt premier. J’ai préféré conduire des recherches dans le sens de la plasticité, du rapport au drapé, à la brillance de la matière noire captant une certaine lumière. À force d’expérimentations, j’ai souhaité gonfler ces structures en intérieur pour justement jouer des atouts de ce médium.
si nous ne sommes plus dans une architecture d’urgence, nous retrouvons une structure architecturale, car ici le gonflable crée un nouvel espace au sein de celui dans lequel il s’inscrit.
Par le processus de soudure et d’étanchéification des bandes de plastiques, je construis une structure qui convoque évidemment un volume archi-tectonique. Nous ne sommes pas dans un ballon en une seule pièce mais dans un assemblage aux formes du lieu dans lequel je le gonfle. Ces pans de polyéthylène viennent empreindre les parois, les moulures, le mobilier de la salle, ce qui m’intéresse beaucoup dans une référence explicite à l’histoire de la peinture et du drapé. »
Propos de Stephane Protic, rapporté par Thomas Fort.