Mon travail c’est apporter quelque chose aux oeuvres d’art qui m’ont ému, ainsi que de rapporter du réel (vécu ou pas) des vues et des éléments. Je ne suis pas intéressé par les mediums pour ce qu’ils sont, ni par les oeuvres en tant que résultats de pratiques autonomes du reste du monde; mais en tant qu’outils de communication, du dessin à l’audiovisuel via la sculpture, la conception de ceintures, sous-vêtements, invasions d’insectes, traces de gastéropodes, articles funéraires, meubles, perruques, art culinaire, pipes-à-eau et godemichés compris. Mon travail est un patchwork à tiroirs où le vieux côtoye le neuf et le futur dans un cocktail où les participants, réunis par le hasard comme une recrue militaire déguisée, au chef invisible, anticiperaient sur l’avenir avec des revenants, leurs discussions interrompues par des extraterrestres tentant de s’immiscer dans les débats sur l’architecture, le sexe, Descartes, la conquête de l’espace, les souvenirs personnels, Nietsche, l’amour, sur ce que l’histoire a retenu de l’art, sur ce qu’il a retenu de son histoire, la mort, la mutation, l’immédiateté des échanges d’émotions dans la musique d’improvisation, sur les sadoo masoos, les derviches tourniqueurs et autres zèbrés technoîdes travelos transis; tout ce beau monde progressant dans un dédale de salles baignées du son d’un concert interminable de Frank Zappa fricassé grive et grimé en Capitaine Crochet, accompagné d’une tribu de musiciens tziganes en attendant le retour de Van Gogh et Hendrix qui sont encore partis avec les engins volants non identifiés des voyageurs attéris. Mon oeuvre parle de cette résistance vaine contre l’invisible force imparable qui crée et anéantit tout, son double et l’autre, qu’est la vie. Stéphane Steiner, 2000 |